- 20 mars 2016 -
JUIFS ET CHRÉTIENS, DEUX FAÇONS DE LIRE LA BIBLE EN DIALOGUE
Pour le cardinal Koch: "Entre juifs et chrétiens,il n'y a aucune querelle d'héritage", dit-il le 16 mars , à l'occasion de la "Thomas-Akademie" de l'Université de Lucerne sur le thème "Juifs et chrétiens: deux façons de lire la Bible en dialogue".
L'exposé du président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens a rencontré un grand intérêt et un large écho dans l'assistance.
"Sans l'Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable", a rappelé le cardinal Koch à la Faculté de théologie lucernoise. Comme l'a souligné la Commission biblique pontificale, cela signifie que sans l'Ancien Testament, "le christianisme serait comme une plante sans racines, vouée à se dessécher".
Le cardinal, qui est également président de la Commission pontificale pour les relations religieuses avec les Juifs, a relevé qu'entre les juifs et les chrétiens n'existait aucun conflit à propos de cet héritage biblique. Il est pour lui bien plus nécessaire d'instaurer un dialogue respectueux dans lequel les deux parties pourraient apprendre les unes des autres.
La venue du cardinal, qui réside à Rome, à l'occasion de la traditionnelle "Thomas-Akademie", constituait une sorte de "match à domicile". Le cardinal Koch a tout d'abord parlé du processus d'éloignement "entre la synagogue et l'église", c'est-à-dire entre le judaïsme et le christianisme dans un contexte historique plus large. La destruction du second temple de Jérusalem par les Romains, en l'an 70, constitue à cet égard une rupture décisive.
Pour les Juifs, cet événement a représenté une "terrible catastrophe", parce que le temple et les sacrifices étaient au centre de leur vie religieuse."Cet événement potentiellement destructeur pour l'identité juive a eu comme conséquence que les sadducéens, dont la vie et le travail étaient complètement liés au temple, n'ont pas pu survivre à sa destruction".
Parmi les courants juifs existant à l'époque de Jésus, les pharisiens ont été par conséquent les seuls encore en mesure de lire et d'interpréter les écritures sacrées sans temple ni sacrifices.
Dans le dialogue judéo-chrétien, on ne peut se passer de clarifier la relation entre le Nouveau Testament et celui que l'on nomme "l'Ancien", a indiqué le cardinal. Ceci afin de déterminer la question de l'unité et de l'altérité, ou de la continuité et de la discontinuité entre le christianisme et le judaïsme. Les saintes écritures du peuple juif constituent une partie intégrante de la Bible chrétienne.
"Sans l'Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable, une plante privée de ses racines et destinée à se dessécher".
Par conséquent, un abandon par les chrétiens de l'Ancien Testament ne signifierait pas seulement la destruction d'une relation positive avec les juifs, mais il blesserait également le christianisme lui-même, au niveau de ses racines, a souligné Mgr Koch.
Le cardinal a ensuite rappelé qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule voie de salut: " Puisque Dieu n’a jamais révoqué son alliance avec Israël, son peuple, il ne peut pas y avoir deux voies ou approches différentes menant au salut de Dieu".
Les directives et instructions pour la mise en œuvre de la déclaration conciliaire "Nostra Aetate" pour les relations religieuses avec les juifs, publiées en 1974, stipulent ainsi que l'Eglise et le judaïsme "ne sauraient être présentées comme deux voies parallèles de salut ". Ainsi, " La foi chrétienne confesse que Dieu entend conduire tous les peuples au salut".
Le cardinal a émis l'espoir que les juifs et les chrétiens puissent apprendre les uns des autres dans le respect mutuel. Les juifs sont pour les chrétiens les "premiers propriétaires" des saintes écriture. "Il ne faut pas les déshériter, car c'est également à nous, chrétiens qu'est confié ce patrimoine".
Ainsi, entre juifs et chrétiens il n'existe pas de querelle d'héritage, mais plutôt un dialogue approfondi sur cet héritage commun et un enrichissement mutuel à travers les différentes façons de lire les écritures saintes, a conclu le prélat suisse. (source : cath.ch)
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